Un parcours, une formation entre métallurgie et ébénisterie

Adolescent, je souhaitais faire un métier en relation avec le bois ou la nature.

J’envisageais de devenir ébéniste d’art en intégrant l’école Boulle à Paris.

Par amour de la nature j’avais aussi songé à faire carrière à l’office national des forêts.

Les aléas de la vie ont fait que je n’ai fait de mon métier ni de l’un ni de l’autre.

Finalement j’ai suivi des études et ai été diplômé en fabrication mécanique.

Frustré de suivre malgré moi dans cette voie industrielle, j’ai eu la chance de rencontrer un professeur qui m’a fait aimer le métal au sens large du terme.

En début d’année scolaire il a pris la peine de demander à chaque étudiant si il avait choisi cette voie et si tel n’était pas le cas, ce qu’il aurait aimé faire.

Naturellement il m’a questionné et je lui ai répondu que je voulais être ébéniste en motivant ce choix.

Je lui ai expliqué qu’au contraire du métal, le bois avait une odeur quand on le travaillait, qu’il bougeait, bref que c’était un matériau vivant.

Il a acquiescé et a ajouté à ma grande surprise que c’était la même chose pour le métal.

Le métal a une odeur, il est vivant, il bouge, me dit il ; tout en ajoutant, le bois le fait au millimètre, le métal le fait au centième.

En très peu de temps et avec la pratique j’ai été convaincu.

J’ai donc suivi cette voie que je n’avais pas choisie et qui a répondu à ma curiosité naturelle et à ma soif d’apprendre.

En voulant devenir ébéniste, je voulais créer, en suivant la voie de la métallurgie j’ai pu assouvir ce besoin de création en  fabriquant mes machines ….. pour travailler le bois.

Mon amour pour le bois et pour la nature ne m’a jamais quitté.

En ce qui concerne la nature, je l’assouvi en pratiquant l’art du Bonsaï.

En ce qui concerne le bois, je l’assouvi en réalisant des meubles.

Avec le Bonsaï, je suis rentré en contact avec l’art Japonais.

Ma rencontre et mon travail avec Takeo Kawabe maître Japonais Bonsaï a été déterminante dans ma relation avec la nature et les arbres.

Elle a été tout aussi déterminante pour mon travail de créateur. 

L’esthétique Japonaise avec ses lignes fluides, pures et sa gestion du vide a une

forte influence sur mon travail.

Avec Takeo Kawabe j’ai compris combien était importante la notion de Wabi (simplicité, nature, dissymétrie…) Sabi (l'altération par le temps, la patine des objets, le goût pour les choses vieillies, etc.). Cette notion à une place prépondérante dans mes créations.

Le Bonsaï m’a ouvert au respect de la nature et à l’art Japonais et m’a enrichi en complément de mon passé industriel.

Les friches industrielles, au même titre qu’un vieux Bonsaï honorable, me touchent et m’inspirent particulièrement.

Sur ces sites à l’abandon, chaque papier, chaque photo, chaque outil, chaque machine … etc. témoignent d’une vie passée.

Les hommes ne sont plus là mais leurs âmes sont bien présentes.

Ces sites industriels sont en résonance avec le sabi qui fait référence à la sensation ressentie face aux choses dans lesquelles on peut déceler le travail du temps ou des hommes.

Ces parcours de vie font que j’ai une philosophie de travail qui :

      - Vise à avoir une empreinte carbone la plus faible possible en utilisant principalement des matériaux de récupération.

      - S’intègre dans le tissus social de ma région en me fournissant en matières premières achetées principalement chez Emmaüs

      - Confronte le passé au présent en récupérant des matières premières nobles pour les transformer en meubles et

        lampes contemporains.

      - Fait co-exister le bois et l’acier. Le premier pour sa chaleur, le second pour sa force.

Cette recherche d’unité et d’harmonie conduit à la création d’œuvres artisanales uniques qui font le lien entre le passé, le présent et le futur.

La passion de la création m’a naturellement conduit à fonder takumi création.